Étienne Lalancette
Dans le cadre du cours
Introduction
à la communication – COM 1000
Section
A
« Manipulation et
information fictionnelle » de Jean-Paul Dufiet
Présenté
à
Madame
Guylaine Martel
Département d’information et de communication
Université Laval
Hiver 2011
Hiver 2011
Résumé
de lecture :
« Manipulation
et information fictionnelle » de Jean-Paul Dufiet
(Texte original p.133~147)
Par Étienne Lalancette
Dans ce résumé, il sera sujet des thèmes abordés
dans le texte de Jean-Paul Dufiet. Les principaux thèmes sont : la désinformation
pour capter l’intérêt, la forme de la diffusion, l’utilisation de la fiction
dans la nouvelle et la force de la manipulation médiatique sur le
téléspectateur.
Désinformer pour capter
l’intérêt
La nouvelle erronée est l’indépendance de la Flandre, en Belgique.
Leur but : susciter l’intérêt et la réflexion des citoyens sur
l’indépendance et la position politique de la Belgique. Le média : la
chaine nationale de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF). Selon Dufiet,
la mise en scène du Téléjournal, les similarités avec les vraies nouvelles, le
discours argumentatif de la source, ainsi que le dévoilement de l’erreur,
constituent une forme de manipulation de l’information.
Le journal télévisé est un mis en scène en
utilisant les règles standard des nombreux journaux télévisés européens. Il y a
un générique d’ouverture, un présentateur, des reporteurs, des témoins, des
décors, des images, des mentions écrites, donc visuellement identique. La
nouvelle erronée possède des contextes politiques et géographiques suffisamment
crédibles pour qu’on présume qu’elle est vraie. Le présentateur traite la
nouvelle fausse similairement aux vraies . Par contre, au début du générique,
la mention écrite « Ceci n’est peut-être pas une fiction » apparaît.
Cette mention déresponsabilise l’énonciateur de ses erreurs potentielles, mais
elle sème le doute chez le téléspectateur. Par plusieurs procédés, le journal
télévisé manipule l’information d’une manière transparente. La nouvelle erronée
de l’indépendance passe à la chaine nationale belge que l’on imagine pourtant difficilement
« s’adonner à la désinformation délibérée ou à la provocation
politique. » (p.135) Même l’annonce de la fausse nouvelle est plus
dramatique, pour lui donner un côté plus extraordinaire et incroyable (en
interrompant une émission en onde pour l’annonce de celle-ci) par un bulletin
spécial. Le dévoilement de la sécession de la Belgique joue sur la peur du
téléspectateur et le garde attentif. Dufiet estime que c’est ainsi qu’on
réussit à susciter une réflexion politique à propos de l’état de la Belgique
chez les récepteurs. « Toutefois, le journal télévisé ne réussit pas aussi
bien à contrôler son pathos [de peur] et sa force de manipulation sur le
destinataire. » (p.146) Cela sous-entend qu’il n’y a aucune preuve que le
discours spectaculaire (basé sur la peur) ai une influence quelconque sur le
téléspectateur. Et qupour qu’il y ai vraiment une manipulation
La question se pose : pourquoi
mentent-ils? L’expérience de la nouvelle fictionnelle a pour but de prouver que
l’homme peut être directement influencé par les médias, et ne pourrait pas
faire la différence entre le réel et la fiction.
Lors du traitement de la nouvelle fausse par le
présentateur du journal, certains indices peuvent laisser sous-entendre que la
nouvelle n’est pas crédible. Malgré que la communication soit très formelle, on
retrouve dans le discours oral du présentateur des arguments dont la structure
logique est une proposition unique. Les temps de verbe utilisés sont le futur
proche et le conditionnel présent. Le discours est bien préparé, il est sans
hésitation et sans émotion. Lors d’un événement extraordinaire véridique, il
serait probable que l’émetteur du bulletin spécial soit nerveux du au manque de
préparation du bulletin et de l'instantanéité de la nouvelle. L’émetteur
utilise beaucoup la communication phatique pour établir une relation de
communication avec les téléspectateurs absents. Il y a un réel effort de
communication. « La nouvelle est présenté comme vraie, elle n’est pas dite
ou énoncée comme vraie. » (p.139)
Cet article, comparable à un résumé de la
théorie de la seringue hypodermique, considère que le récepteur-décodeur est
passif et donc fortement influencé. Cette influence peut être bonne ou
mauvaise, si elle a tout d’abord lieu.
Le traitement informatique que
la nouvelle frauduleuse subit lui confère une apparence de vérité, de
crédibilité, pouvant indure en erreur les téléspectateurs. Mais cette nouvelle
manque de véracité. Elle ne possède aucun antécédent connu. Une nouvelle d’une
telle ampleur devrait nécessitée un grand temps de préparation et de nombreux
documents écrits, dont le temps des votes préparatoires et la déclaration
d’indépendance. Ce manque d’antécédent est évident quand on constate que le
récepteur semble être routinier à écouter tous les jours à la même heure le
téléjournal, puis son programme quotidien. Ce qui fait du récepteur une
personne assez informé qui pourrait décerner un manque de vérité. Ce manque de
vérité affecte l’image de la chaine, et lui fait perdre des points de
popularité auprès des auditeurs. Plus précisément, « il y a une
contradiction dans le projet de l’instance médiatique et du producteur du
discours : on suscite une prise de conscience du téléspectateur en
bafouant sa conscience et son intelligence, en lui mentant. » (p.147) Le
journal télévisé dérange le contrat de communication.
Dufiet termine son article en décrivant les
téléspectateurs et l’effet du mensonge sur eux. « Il ressort que le
téléspectateur est considéré comme incapable de penser le réel non déformé, et
qu’il est en revanche susceptible d’être instrumentalisé, grâce à la
peur. » (p.147) Mais
regardons comment celle-ci à procédé, selon Dufiet.
La force de la
manipulation médiatique
Pour
réussir à faire passer une nouvelle fausse en nouvelle véritable, une mise en
scène forte est nécessaire. Le journal télévisé tire son semblant de vérité de
six facteurs qu’énumère Dufiet dans son article. Ces facteurs jouent sur la
relation que la chaine RTBF entretien avec les téléspectateurs. Ces relations
sont appelées contrat de communication. Les six facteurs appuyant l’aspect de
vraisemblance de la nouvelle, selon Dufiet sont : la caractéristique de prestige
de l’émetteur, l’équilibre entre mensonge avoué et vérité, la plausibilité de
l’information, l’événement est classé d’une grande importance pour le
destinataire, la nouvelle semble inattendue et surprenante. « C’est en
altérant profondément le rapport de confiance et le contrat de communication
avec le téléspectateur que l’information fictionnelle de la RTBF provoque une
prise de conscience et une réflexion citoyennes. » (p.145)
Dans le bulletin spécial, Dufiet explique
l’importance du générique d’ouverture du journal télévisé, qui donne un signal
d’alarme et une tension dramatique, capture la curiosité des récepteurs. L’effet
de mise en onde « en direct » assure aux téléspectateurs que la
nouvelle est vraie et peut-être extraordinaire. L’indépendance est une nouvelle
choque. Malgré qu’elle soit produite à la fois en direct et en différé,
authentique et fictionnelle, formant un seul flux audiovisuel que capte le
récepteur, elle donne la perception aux téléspectateurs que tout se déroule au
même moment que la diffusion.
De plus, les paroles de
l’annonceur accompagnent la nouvelle, dans un lexique
« extraordinaire ». Les tournures des phrases sont réfléchies et
l’argumentation n’est pas violente ou agressive. Elles n’incitent pas au
nationalisme. La manipulation est transparente et les téléspectateurs ne
s’aperçoivent de rien avant la fin, car l’information constituant la véracité
du journal télévisé (code, mise en scène, décor, musique) est exacte, mais le
message diffusé dans sont entièreté est faux.
Le reportage et l’appel à l’autorité sont des
éléments utilisés comme preuves de la vérité du message diffusé. Le premier
appel à l’autorité est produit par le commentateur du journal. Puis, le
directeur de la chaine nationale fait son apparition comme représentant de la
vérité suprême. Ensuite, le reporteur « en direct » fait appel à des
témoins de l’événement au Palais Royal de Bruxelles où on y voit des drapeaux
wallons et des gens célébrant. Il est suivit par une courte apparition de
politiciens avec de petites déclarations de surprise. « En fait, le journal télévisé diffuse
ici des images intemporelles, vides de sens politique, et qui ne sont
sémantisées que par le commentaire du reporteur. » (p.141) En fait, ces
images sont utilisées hors contextes.
Comme énoncé plus haut, la présence de mentions
écrites comme « Ceci n’est peut-être pas une fiction. » sont diffusées
à plusieurs reprises au bas de l’écran, avant d’être remplacées par « Ceci
est une fiction. » identifiant clairement que la nouvelle n’est pas vraie.
L’émetteur de la nouvelle énonce aussi à plusieurs reprises que la nouvelle
« n’est pas un canular » pour ensuite émettre l’inverse. L’émetteur
énonce que la nouvelle est une fiction et que la nouvelle est incroyable. La nouvelle erronée devient
fausse. L’argumentation
de la fiction est semblable à la nouvelle fausse : c’est un
contre-argument. La nouvelle fictionnelle est traitée identiquement à la
nouvelle fausse. Elle en devient presque réelle. Lors
du dévoilement de l’erreur, le téléspectateur devrait se sentir soulagé et moins
tendu. Mais il se sent trompé sur le contrat de communication entre la chaine
et le destinataire. La gravité de la nouvelle « ne justifie pas la manipulation
du contrat de communication ». (p.147)
Fiction et spectateurs
La
fin de la fiction ramène le téléspectateur à la « réalité » et
devrait le soulager d’un événement extraordinaire. Il devrait se rendre compte
du mensonge et accepter qu’on lui mente, sous le principe que c’est pour une
cause aussi « bonne » que l’union nationale belge. Pourtant,
l’inverse se produit. Le téléspectateur se trouve trompé et réalise qu’il est
manipulé par la chaine RTBF. Le résultat est négatif. Après avoir essayé de
faire réfléchir les téléspectateurs sur l’enjeu politique qu’est la sécession
de la Belgique, RTBF se discrédite en émettant le contre-argument. Le mensonge
dans les nouvelles est un manque d’éthique discutable. Ce genre de manipulation
pour faire réfléchir la communauté ou soutenir une cause n’a pas lieu d’être,
surtout pour une grande station de télévision. Une nouvelle fictionnelle n’est
pas une nouvelle, c’est un mensonge puis un pardon.
Dufiet estime, en
conclusion, qu’une chaine télévisée ne devrait jamais diffuser de fausses
nouvelles en dépit de mettre sa crédibilité et notoriété publique en jeu, que
les téléspectateurs ne sont pas dupés par la mise en scène théâtrale, et qu’il
y a une survalorisation de la crédibilité des médias.
Pour
conclure, je me pose la question suite au texte de Dufiet. La fiction est-elle devenue
réalité médiatique? Ou la réalité est-elle devenue une fiction médiatique? Où
est la place du média dans la diffusion de messages?
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