lundi 15 décembre 2014

MANIPULATION ET INFORMATION FICTIONNELLE - Étienne Lalancette


Étienne Lalancette




Dans le cadre du cours
Introduction à la communication – COM 1000
Section A




« Manipulation et information fictionnelle » de Jean-Paul Dufiet




Présenté à
Madame Guylaine Martel




Département d’information et de communication
Université Laval
Hiver 2011




Résumé de lecture :
« Manipulation et information fictionnelle » de Jean-Paul Dufiet
(Texte original p.133~147)
Par Étienne Lalancette

Dans ce résumé, il sera sujet des thèmes abordés dans le texte de Jean-Paul Dufiet. Les principaux thèmes sont : la désinformation pour capter l’intérêt, la forme de la diffusion, l’utilisation de la fiction dans la nouvelle et la force de la manipulation médiatique sur le téléspectateur.

Désinformer pour capter l’intérêt
La nouvelle erronée est l’indépendance de la Flandre, en Belgique. Leur but : susciter l’intérêt et la réflexion des citoyens sur l’indépendance et la position politique de la Belgique. Le média : la chaine nationale de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF). Selon Dufiet, la mise en scène du Téléjournal, les similarités avec les vraies nouvelles, le discours argumentatif de la source, ainsi que le dévoilement de l’erreur, constituent une forme de manipulation de l’information.

Le journal télévisé est un mis en scène en utilisant les règles standard des nombreux journaux télévisés européens. Il y a un générique d’ouverture, un présentateur, des reporteurs, des témoins, des décors, des images, des mentions écrites, donc visuellement identique. La nouvelle erronée possède des contextes politiques et géographiques suffisamment crédibles pour qu’on présume qu’elle est vraie. Le présentateur traite la nouvelle fausse similairement aux vraies . Par contre, au début du générique, la mention écrite « Ceci n’est peut-être pas une fiction » apparaît. Cette mention déresponsabilise l’énonciateur de ses erreurs potentielles, mais elle sème le doute chez le téléspectateur. Par plusieurs procédés, le journal télévisé manipule l’information d’une manière transparente. La nouvelle erronée de l’indépendance passe à la chaine nationale belge que l’on imagine pourtant difficilement « s’adonner à la désinformation délibérée ou à la provocation politique. » (p.135) Même l’annonce de la fausse nouvelle est plus dramatique, pour lui donner un côté plus extraordinaire et incroyable (en interrompant une émission en onde pour l’annonce de celle-ci) par un bulletin spécial. Le dévoilement de la sécession de la Belgique joue sur la peur du téléspectateur et le garde attentif. Dufiet estime que c’est ainsi qu’on réussit à susciter une réflexion politique à propos de l’état de la Belgique chez les récepteurs.  « Toutefois, le journal télévisé ne réussit pas aussi bien à contrôler son pathos [de peur] et sa force de manipulation sur le destinataire. » (p.146) Cela sous-entend qu’il n’y a aucune preuve que le discours spectaculaire (basé sur la peur) ai une influence quelconque sur le téléspectateur. Et qupour qu’il y ai vraiment une manipulation
La question se pose : pourquoi mentent-ils? L’expérience de la nouvelle fictionnelle a pour but de prouver que l’homme peut être directement influencé par les médias, et ne pourrait pas faire la différence entre le réel et la fiction.

Lors du traitement de la nouvelle fausse par le présentateur du journal, certains indices peuvent laisser sous-entendre que la nouvelle n’est pas crédible. Malgré que la communication soit très formelle, on retrouve dans le discours oral du présentateur des arguments dont la structure logique est une proposition unique. Les temps de verbe utilisés sont le futur proche et le conditionnel présent. Le discours est bien préparé, il est sans hésitation et sans émotion. Lors d’un événement extraordinaire véridique, il serait probable que l’émetteur du bulletin spécial soit nerveux du au manque de préparation du bulletin et de l'instantanéité de la nouvelle. L’émetteur utilise beaucoup la communication phatique pour établir une relation de communication avec les téléspectateurs absents. Il y a un réel effort de communication. « La nouvelle est présenté comme vraie, elle n’est pas dite ou énoncée comme vraie. » (p.139)

Cet article, comparable à un résumé de la théorie de la seringue hypodermique, considère que le récepteur-décodeur est passif et donc fortement influencé. Cette influence peut être bonne ou mauvaise, si elle a tout d’abord lieu.

Le traitement informatique que la nouvelle frauduleuse subit lui confère une apparence de vérité, de crédibilité, pouvant indure en erreur les téléspectateurs. Mais cette nouvelle manque de véracité. Elle ne possède aucun antécédent connu. Une nouvelle d’une telle ampleur devrait nécessitée un grand temps de préparation et de nombreux documents écrits, dont le temps des votes préparatoires et la déclaration d’indépendance. Ce manque d’antécédent est évident quand on constate que le récepteur semble être routinier à écouter tous les jours à la même heure le téléjournal, puis son programme quotidien. Ce qui fait du récepteur une personne assez informé qui pourrait décerner un manque de vérité. Ce manque de vérité affecte l’image de la chaine, et lui fait perdre des points de popularité auprès des auditeurs. Plus précisément, « il y a une contradiction dans le projet de l’instance médiatique et du producteur du discours : on suscite une prise de conscience du téléspectateur en bafouant sa conscience et son intelligence, en lui mentant. » (p.147) Le journal télévisé dérange le contrat de communication.

Dufiet termine son article en décrivant les téléspectateurs et l’effet du mensonge sur eux. « Il ressort que le téléspectateur est considéré comme incapable de penser le réel non déformé, et qu’il est en revanche susceptible d’être instrumentalisé, grâce à la peur. » (p.147)  Mais regardons comment celle-ci à procédé, selon Dufiet.

La force de la manipulation médiatique
Pour réussir à faire passer une nouvelle fausse en nouvelle véritable, une mise en scène forte est nécessaire. Le journal télévisé tire son semblant de vérité de six facteurs qu’énumère Dufiet dans son article. Ces facteurs jouent sur la relation que la chaine RTBF entretien avec les téléspectateurs. Ces relations sont appelées contrat de communication. Les six facteurs appuyant l’aspect de vraisemblance de la nouvelle, selon Dufiet sont : la caractéristique de prestige de l’émetteur, l’équilibre entre mensonge avoué et vérité, la plausibilité de l’information, l’événement est classé d’une grande importance pour le destinataire, la nouvelle semble inattendue et surprenante. « C’est en altérant profondément le rapport de confiance et le contrat de communication avec le téléspectateur que l’information fictionnelle de la RTBF provoque une prise de conscience et une réflexion citoyennes. » (p.145)

Dans le bulletin spécial, Dufiet explique l’importance du générique d’ouverture du journal télévisé, qui donne un signal d’alarme et une tension dramatique, capture la curiosité des récepteurs. L’effet de mise en onde « en direct » assure aux téléspectateurs que la nouvelle est vraie et peut-être extraordinaire. L’indépendance est une nouvelle choque. Malgré qu’elle soit produite à la fois en direct et en différé, authentique et fictionnelle, formant un seul flux audiovisuel que capte le récepteur, elle donne la perception aux téléspectateurs que tout se déroule au même moment que la diffusion.
De plus, les paroles de l’annonceur accompagnent la nouvelle, dans un lexique « extraordinaire ». Les tournures des phrases sont réfléchies et l’argumentation n’est pas violente ou agressive. Elles n’incitent pas au nationalisme. La manipulation est transparente et les téléspectateurs ne s’aperçoivent de rien avant la fin, car l’information constituant la véracité du journal télévisé (code, mise en scène, décor, musique) est exacte, mais le message diffusé dans sont entièreté est faux.

Le reportage et l’appel à l’autorité sont des éléments utilisés comme preuves de la vérité du message diffusé. Le premier appel à l’autorité est produit par le commentateur du journal. Puis, le directeur de la chaine nationale fait son apparition comme représentant de la vérité suprême. Ensuite, le reporteur « en direct » fait appel à des témoins de l’événement au Palais Royal de Bruxelles où on y voit des drapeaux wallons et des gens célébrant. Il est suivit par une courte apparition de politiciens avec de petites déclarations de surprise. « En fait, le journal télévisé diffuse ici des images intemporelles, vides de sens politique, et qui ne sont sémantisées que par le commentaire du reporteur. » (p.141) En fait, ces images sont utilisées hors contextes.

Comme énoncé plus haut, la présence de mentions écrites comme « Ceci n’est peut-être pas une fiction. » sont diffusées à plusieurs reprises au bas de l’écran, avant d’être remplacées par « Ceci est une fiction. » identifiant clairement que la nouvelle n’est pas vraie. L’émetteur de la nouvelle énonce aussi à plusieurs reprises que la nouvelle «  n’est pas un canular » pour ensuite émettre l’inverse. L’émetteur énonce que la nouvelle est une fiction et que la nouvelle est incroyable.  La nouvelle erronée devient fausse. L’argumentation de la fiction est semblable à la nouvelle fausse : c’est un contre-argument. La nouvelle fictionnelle est traitée identiquement à la nouvelle fausse. Elle en devient presque réelle. Lors du dévoilement de l’erreur, le téléspectateur devrait se sentir soulagé et moins tendu. Mais il se sent trompé sur le contrat de communication entre la chaine et le destinataire. La gravité de la nouvelle « ne justifie pas la manipulation du contrat de communication ». (p.147)

Fiction et spectateurs
La fin de la fiction ramène le téléspectateur à la « réalité » et devrait le soulager d’un événement extraordinaire. Il devrait se rendre compte du mensonge et accepter qu’on lui mente, sous le principe que c’est pour une cause aussi « bonne » que l’union nationale belge. Pourtant, l’inverse se produit. Le téléspectateur se trouve trompé et réalise qu’il est manipulé par la chaine RTBF. Le résultat est négatif. Après avoir essayé de faire réfléchir les téléspectateurs sur l’enjeu politique qu’est la sécession de la Belgique, RTBF se discrédite en émettant le contre-argument. Le mensonge dans les nouvelles est un manque d’éthique discutable. Ce genre de manipulation pour faire réfléchir la communauté ou soutenir une cause n’a pas lieu d’être, surtout pour une grande station de télévision. Une nouvelle fictionnelle n’est pas une nouvelle, c’est un mensonge puis un pardon.
Dufiet estime, en conclusion, qu’une chaine télévisée ne devrait jamais diffuser de fausses nouvelles en dépit de mettre sa crédibilité et notoriété publique en jeu, que les téléspectateurs ne sont pas dupés par la mise en scène théâtrale, et qu’il y a une survalorisation de la crédibilité des médias.
Pour conclure, je me pose la question suite au texte de Dufiet. La fiction est-elle devenue réalité médiatique? Ou la réalité est-elle devenue une fiction médiatique? Où est la place du média dans la diffusion de messages?

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